Dans le jardin de Maminou, sous le kiosque, à l’abri de la pluie, tu m’as dit : « Viens, on va faire de la balançoire. »
Soudain, je me revois toute petite, au même endroit qu’avec toi, sur les genoux de Maminou, toujours vêtue de ses grandes et belles robes de chambre, avec au loin Papi en train de faire brûler des marrons, la clope au bec.
Je bondis de ses genoux et me mets à courir entre ces grands chênes, en direction de Papi, pour le supplier de me pousser sur la balançoire
Jusqu’à maintenant, elle était devenue pour moi un vieux bout de bois avec deux cordes, un truc de gosse quoi, rien de plus banal.
Mais en me posant cette simple question, je crois que tous les souvenirs que j’avais construits s’étaient effondrés.
Je crois même que j’avais rasé puis tout enterré, car tous ces souvenirs étaient trop difficiles à entretenir ; il restait quelques ruines, mais rien de plus.
Je repars déterrer ces vestiges avec toi.
Je ferme mes yeux, me laisse suspendue entre terre et air…
Souvenirs et réalité, balancer entre tes mains.
À présent, même s’il reste quelques bouts sous terre, on a redonné vie à cette balançoire, ma balançoire,
marquée par le passage des saisons, maintenant avec son manteau de lichen.